La région sud de Madagascar subit une crise alimentaire très sévère et cyclique depuis des décennies. La raison est due au phénomène de chasse sable et de sécheresse. Il y a dix ans, le Centre Technique Agro-écologique du Sud ou CTAS en était témoin. Nous avons donc essayé d’apporter une solution durable par la diffusion de techniques agro-écologiques. L’une d’entre elles est la promotion de cultures plus résistantes aux climats du sud, comme le sorgho. Dans cet article, explorez la nécessité de cultiver du sorgho dans le sud de Madagascar.

Il existe deux principales catégories de sorgho : sorgho fourrager, utilisé comme alimentation animale et le sorgho-grain, utilisé comme alimentation humaine. En tant qu’ONG travaillant pour la sécurité alimentaire, le CTAS se focalise davantage sur le sorgho-grain. Il produit principalement les semences de base de variétés sélectionnées auprès des agriculteurs. Après de nombreuses recherches en caractérisation, le Ministère de l’Agriculture a enregistré dans le Registre Régional, trois variétés de sorgho relancées par le CTAS. Il s’agit de sorgho rastà ; sorgho « botra » (blanc) et sorgho « miaritse » (rouge). Par ailleurs, dix autres variétés sont en cours de processus de validation.

Résistant au climat

Les expériences menées sur place nous ont convaincu de se lancer dans la vulgarisation de culture du Sorgho. En comparaison avec d’autres cultures céréalières tels le maïs, le riz et le blé, il a été confirmé que le sorgho a le potentiel de pousser de manière plus résiliente au climat dans le sud », a déclaré Mme Ranaivoharimanana Tolotra Henintsoa, ​​Directrice Exécutive du CTAS. En effet, la partie sud de Madagascar, notamment la région de l’Androy, fait face à des défis climatiques. Tout d’abord, cette zone est continuellement victime du phénomène de « tiomena ». C’est un vent violent transportant de la poussière et du sable sur son passage. Ces derniers couvrent d’emblée toute la surface, y compris les champs. Ces conditions climatiques défavorables constituent un obstacle à l’agriculture. A cela s’ajoute la faible pluviométrie dans la région. Le temps y est généralement sec toute l’année. Heureusement, le sorgho figure parmi ces cultures qui nécessitent peu d’eau. Les trois variétés de sorgho redynamisés par le CTAS, à savoir le sorgho « botra », « miaritse » et « rastà » ont tous un caractère résistant à la forte chaleur et la sécheresse du sud. De plus, il a été prouvé que le sorgho rasta est moins attaqué par les insectes.

Rentable

Culture de sorgho au Centre de Production de Semences Agnarafaly, géré par le CTAS

Pour rien que du sorgho, j’aie gagné 9 000 000 d’Ariary lors de la dernière saison de récolte” raconte Fedraza Emilien, père de famille et en même temps membre du comité des agriculteurs de la commune d’Erada, district d’Ambovombe, région Androy. De son côté, Razafitsilo Aldonne, un habitant de la commune de Sampona, district Amboasary, région Anosy, a témoigné que « Fin 2022, j’ai vendu mon sorgho et j’ai obtenu 2 000 000 Ariary pour 2 tonnes de sorgho ». A la lumière de ces exemples, la culture du sorgho peut être considérée comme une source de revenus. Le gain est même largement supérieur au SMIC malgache de 250 000 Ariary. Quid du rendement, il est passé de 700 kg à 1 200 kg pour une parcelle d’un hectare, en un cycle d’environ 3 mois. Cette quantité minimum suffit pour nourrir un ménage de 5 personnes pendant un an. En outre, le sorgho est avantageux à l’échelle de rotation. Aussi, il peut être associé à d’autres cultures telles que les légumineuses (dolique, konoke, niébé, arachide, pois de terre, pois de cap, mucuna, isororoko) et les cucurbitacées. 

Vers la sécurité alimentaire

Stéphanie prend du bouillie de sorgho au lait

La culture du sorgho améliore la sécurité alimentaire dans le sud de Madagascar. Premièrement, la population locale peut produire malgré les conditions climatiques. Par conséquent, elle n’a plus à dépendre des produits d’autres régions pour se nourrir.

Deuxièmement, le prix du sorgho est très abordable par rapport aux autres céréales. Au cours des trois derniers mois (février, mars et avril 2023), le gobelet de sorgho est vendu sur à 350 MGA contre le riz à 800 MGA. Ce qui représente un réel avantage pour les familles à faibles revenus.

Enfin, le sorgho est une céréale complète. Il est composé de protéines, de fibres, de lipides et de glucides. Riche en fer, potassium, phosphore, vitamines B1 et B3, il contient cependant moins de matières grasses. Le sorgho peut être préparé de différentes manières : bouilli, salade, soupe… Réduit en farine, il peut être transformé en pain, biscuits… Très bénéfique pour la santé, le sorgho a été baptisé « céréale d’avenir ».